Victor Noir 1848-1870

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Vous avez devant vous l’un des plus beaux gisant du cimetière réalisé par Jules Dalou.

Observez bien la sculpture, un détail devrait vous sauter aux yeux. Ce gisant est doté d’une virilité tout à fait exagérée! La légende veut qu’il faille toucher la partie virile pour qu’une femme en mal d’enfant devienne fertile. De nos jours, se rendre sur cette tombe tient plus de la curiosité et de la blague que d’une réelle croyance. 

Victor noir a quitté ce monde dans des conditions bien dramatiques.

Nous sommes à l’apogée du second empire, en janvier 1870 lorsque Pierre Bonaparte, cousin de Napoléon III, provoque une vive polémique. Il signe dans le journal «L’Avenir de la Corse» un article virulent contre «La Revanche» un autre journal Corse mais celui-ci anti-bonapartiste. Le parent de l’empereur y désigne les républicains de l’île comme des “traîtres et des mendiants”. Très vite l’affaire enflamme toutes les rédactions du pays. 

Victor Noir ou Yvan Salmon de son vrai nom est un jeune journaliste de 21 ans, il vient d’entrer au journal «la Marseillaise» et va malheureusement perdre la vie a cause de cette affaire. Pascal Grousset, correspondant parisien pour «la revanche» se sent offensé, exigeant réparation il demande à ses confrères Victor Noir et Ulrich de Fonvielle de se rendre au domicile du Prince Pierre Bonaparte à Auteuil, pour y présenter une demande de réparation par les armes. L’entrevue ne se déroule pas comme prévu. Le cousin de l’empereur se sent menacé et tue d’un coup de revolver Victor Noir. 

Notre jeune journaliste meurt deux jours avant son mariage. La nouvelle résonne comme un coup de tonnerre dans tout Paris. L’enterrement sera organisé à Neuilly-sur-Seine selon les vœux de la famille, mais également des autorités souhaitant éviter tout débordement… Malgré tout, une foule agitée de plusieurs milliers de parisiens suit le cortège, on sent le Paris révolutionnaire se réveiller. Le Prince de Bonaparte est acquitté et condamné à des dommages-intérêts.

Ce ne sera pas suffisant pour calmer le peuple parisien, Victor Noir devient un martyr innocent de la politique impériale, et deviendra un symbole pour les futurs communards, une révolution est en marche… 

Il est représenté dans la position où il aurait été trouvé après le coup de feu. Victor Noir est transféré ici en 1885, l’emplacement sur le parcours des commémorations de la Commune de Paris n’est pas laissé au hasard. Les cortèges passent dans cette avenue (où de nombreux communards sont enterrés) et se terminent au mur des fédérés.

Tout le monde ne sait peut-être pas que les derniers combats qui achèvent la fameuse ”semaine sanglante” , celle du 21 au 28 mai 1871, se déroulent ici au Père Lachaise. Les fédérés retranchés dans la nécropole furent encerclés par les versaillais et les prussiens. Sur ordre de Thiers les 147 survivants furent fusillés le 28 mai devant le mur qui sera rebaptisé ”mur des fédérés”.

Nous arrivons à la fin de cette balade, vous pouvez continuer en enchaînant avec l’autre balade pour découvrir la tombe de Louis Lacombe et deviner son métier ou quitter le cimetière. Dans les deux cas vous allez suivre les instructions qui suivent.

Quand vous êtes face au gisant, continuez le parcours sur votre gauche. A la deuxième intersection ( av. transversale 2 et av. Aguado) regardez à gauche, vous allez voir trois bouleaux, c’est la tombe Yves Montand et Simone Signoret. Continuez toujours tout droit sur l’av. transversale 2 et longer le crématorium. Arrivé à la prochaine intersection regardez devant-vous, un peu en hauteur un buste vert en cuivre avec à son coté un petit chien blanc. Dirigez vous vers ce buste, celui de Louis Lacombe, car c’est notre point de départ.